Reperer

Les professionnels du secteur de l’éducation ont besoin d’indicateurs et de lignes directrices sur la façon de repérer les jeunes aidants, d’identifier leurs besoins pour mieux les soutenir.
Équipe éducative

1 - POURQUOI LES ÉQUIPES ÉDUCATIVES SONT-ELLES CONCERNÉES ?

Parce que les jeunes aidants sont scolarisés
Les équipes éducatives sont forcément confrontées à ces situations. Même s’il y a souvent un surinvestissement scolaire pour ne pas ajouter aux soucis des proches, l’impact sur l’école ou sur le lieu de travail se traduit parfois par des retards, des absences, voire des décrochages scolaires.

2 - LES ÉQUIPES ÉDUCATIVES ET MÉDICO-SOCIALES ONT DES ATTENTES IDENTIFIÉES

Elles doivent apprendre comment soutenir ces jeunes sans les stigmatiser et toujours dans le respect de leur vie privée. *
Il faut permettre l’identification et le soutien précoce des jeunes aidants et appliquer une approche familiale globale* car 46 % d’entre eux seraient favorables à ce qu’on leur propose de l’aide. **
Dès lors, le vrai défi consiste à mettre en place des dispositifs préventifs.

> Sources : * Les Cahiers du CCAH #09JUIN 2019 Les jeunes aidants aujourd’hui en France : Tour d’horizon et perspective
**d’après l’enquête Ipsos/Fondation Novartis

La moitié des jeunes et déjà aidants est favorable à ce qu’on leur propose de l’aide, mais seul un tiers a effectué des démarches pour être aidé. L’autre moitié considère que leur situation ne regarde personne, malgré un besoin criant à cause des impacts sur sa santé et sa scolarité.

S’ils se confient c’est parce qu’un tiers les a interrogés ou sollicités. Le lycée et l’alternance favorisent ce partage, le jeune aidant peut répondre aux questions des professeurs ou de ses amis.

> Source : enquête Ipsos/Fondation Novartis

3 – DES LISTES DE QUESTIONS POUR AIDER AU REPÉRAGE

Pour aider au repérage, nous vous proposons des listes de questions permettant d’identifier les signaux faibles des jeunes aidants par :

  • Eux-mêmes et leur entourage : aidant ou co aidant (aidant d’aidant ou co-aidant),
  • Les équipes éducatives, médico-sociales… de l’Éducation nationale

Les descriptions présentées dans les listes sont graduées en fonction de leur niveau de gravité et sans aucun jugement.

De quoi parle –t-on ?

  • Les signaux faibles constituent un faisceau d’indices qui témoignent d’un épuisement physique ou psychologique de l’élève.
  • Leur charge mentale est très importante comparée à celle d’un autre élève.
  • Certains jeunes aidants accompagnent leurs parents en fin de vie.

 

En quoi c’est important ?

  • Repérer, le plus en amont possible ces petits signes, permet d’identifier les situations à risque et d’apporter une réponse adaptée avant que la situation de l’élève ne se dégrade.
  • Souvent le repérage est fait lors d’une crise et le faire tôt permet de mettre en place un soutien du jeune et l’aide à maintenir sa présence et son travail scolaire.
  • En effet, le lycée ou l’entreprise dans laquelle s’effectue l’alternance sont des lieux qui leur sont indispensables pour faire une pause.
  • En parler à d’autres personnes peut permettre d’intégrer un nouveau réseau de solidarité entre aidants, et d’organiser des actions de soutien.

 

Comment faire ?

  • Sont décrits ci-dessus les 3 niveaux d’attention principaux. Les signaux sont classés de façon graduée et nécessitent de la part de l’enseignant, du CPE ou du personnel médico-éducatif une réponse adaptée.
  • Il convient de ne pas oublier que ces signaux sont à observer dans la durée : ils doivent intervenir à fréquence régulière et dans un laps de temps suffisant (plusieurs semaines à quelques mois) constituant un faisceau d’indices pour être significatifs.
  • Il faut être particulièrement attentif à ne pas être trop direct au risque de stigmatiser le jeune aidant. La diplomatie est indispensable.
  • Les propositions ci-après sont destinées à donner des pistes d’approche dans le cadre d’échanges informels avec le jeune, ses amis ou d’autres membres de l’équipe éducative.

Situation familiale :

  • Grave problème dans sa famille : mort d’un parent, d’un frère/sœur, grave maladie
  • Parle-t-il de problèmes de santé familiaux ? Ou fuit-il ces sujets ?
  • Ses parents sont-ils désengagés ? N’assistent pas aux réunions ?
  • Fratrie déjà accompagnée scolairement : Plan d’accompagnement individuel
  • Prend-il en charge ses frères et sœurs y compris scolairement ?

Participation en classe :

  • L’élève est-il toujours aussi impliqué en cours ?
  • A-t-il plus de retards ? Plus d’absences ?
  • Est-il moins présent, dort-il en cours ? Ne répond-il plus ?
  • Fait-il ses devoirs : parfois, plus du tout ?
  • Témoigne-t-il de la même énergie ou créativité ?

Émotions/humeur (mal-être, retrait ou prise de distance) :

  • A-t-il des phases d’enthousiasme et des phases d’abattement (changements d’humeur) ? D’anxiété ?
  • Fait-il preuve de moins d’autonomie ? D’ennui extrême ? D’agressivité ? De maturité ?

État de santé ou apparence physique :

  • A-t-il des douleurs : mal de dos, bras, ventre, céphalées ?
  • Y a-t-il un laisser-aller dans l’alimentation, le poids ou l’apparence/hygiène ?

Aides possibles :

  • Clarifier les raisons du problème avec l’élève : aspects personnels/familiaux/éducatifs,
  • Co-construire les aménagements avec les enseignants, le CPE et le personnel médico-éducatif,
  • Imaginer des solutions d’attente le cas échéant : soutien scolaire.
  • Orienter vers :
    • – Les associations d’écoute et d’aide,
    • – Les dispositifs de répit,
    • – Les dispositifs d’aide aux aidants : Ma boussole Aidants.

Situation familiale :

  • Grave problème dans sa famille : mort d’un parent, d’un frère/sœur, grave maladie
  • Parle-t-il de problèmes de santé familiaux ? Ou fuit-il ces sujets ?
    Ses parents sont-ils désengagés ? N’assistent pas aux réunions ?
  • Fratrie déjà accompagnée scolairement : Plan d’accompagnement individuel
  • Prend-il en charge ses frères et sœurs y compris scolairement ?

Participation en classe :

  • Est-il désinvesti scolairement ? Devoirs à la maison non faits ?
  • Est-il disponible pour des projets collectifs ?
  • Participe-t-il à la vie de classe ou a-t-il tout arrêté : cantine, sorties, activités sportives ou associatives… ?
  • Joue-t-il collectif avec le reste de la classe ? Est-il harcelé ?

Émotions/humeur (mal-être, retrait ou prise de distance) :

  • L’élève s’isole-t-il plus qu’avant ? S’isole-t-il même de ses amis ?
  • L’élève est-il plus émotif qu’avant : surréaction, irritabilité, mise en retrait ?
  • Est-il dans l’opposition systématique ? Ou l’abattement permanent ?

État de santé ou apparence physique :

  • Y a-t-il un laisser-aller dans l’alimentation, le poids, l’hygiène ?
  • A-t-il des douleurs : dos, bras, ventre, maux de tête, ….

Vigilance accrue :

  • Reprendre les solutions précédentes,
  • Adapter sa posture et s’ajuster aux besoins de l’élève,
  • Mise en place d’un PAI : projet d’accompagnement individualisé,
  • Mettre en place des cours au CNED financés par le lycée,
  • Signaler aux différents personnels enseignants et médicaux éducatifs, et orienter l’élève vers eux,
  • Porter attention aux interactions avec la classe,
  • Orienter vers les structures associatives d’écoute et d’aide : JADE, Avec nos proche, l’Envol…

Information sur les années précédentes :

  • Grave problème dans sa famille : mort d’un parent, d’un frère/sœur, grave maladie

Participation en classe :

  • L’élève s’est-il retiré psychologiquement de la vie collective éducative ?
  • Connaît-il des retards répétés ou des absences, parfois sans prévenir ?
  • Tient-il ses engagements ? Devoirs non faits fréquents, lâcher-prise …

Émotions/humeur : Mal être, retrait ou prise de distance :

  • A-t-il tendance à être négatif (cynisme, fataliste…) ou déconnecté (émotion non en phase avec les événements) ?
  • Parle-t-il de suicide, de fugue ? Ses amis ont-ils identifié ces risques ?

État de santé ou apparence physique :

  • Son apparence extérieure a-t-elle changé ? Sa perte ou prise de poids est-elle extrême ?
  • Existe-t-il des conduites d’automutilation ? Scarifications ?

Identifier la crise :

  • Reprendre les solutions précédentes,
  • Signaler immédiatement à l’équipe enseignante, CPE et médico-éducative, pour action urgente et prise de contact avec la famille,
  • Signaler au conseiller technique du service social en faveur des élèves qui évaluera la situation sur le plan scolaire. Si la situation est alarmante alors appeler le 119,
  • Mettre en place des cours au CNED financés par le lycée,
  • Demander un entretien avec le proviseur ou la hiérarchie de l’établissement.

Ce questionnaire est inspiré du site Kitaide.klesia.fr